Présentation

Nous sommes trois au plateau deux hommes, une femme. Nous sommes acteurs vidéastes et chanteurs, nous créons un petit bout de monde. Un monde intérieur.
Le monde de Jean et Julie.
Jean et Julie sont sensibles, sensuels, et chacun cherche à s’émanciper de son histoire (familiale ou sociale). Ils cherchent des voies de libération.
Sur le corps de la peinture de Strindberg devenu toile numérique se mêlent photos et vidéos d'éléments naturels pour donner à voir le paysage intérieur des êtres, des « paysages de l’âme ». La bio-vidéo ponctue le spectacle à la façon d’un journal intime cinématographique. La pièce recomposée en micro-scènes dans une chronologie narrative singulière place le meurtre psychique en fil conducteur du spectacle.
Le spectacle est entièrement éclairé par la vidéo.
Ce spectacle est une variation sur « Melle Julie », une nuit, une fête, une fin.
Il y a deux corps de texte dans le spectacle.
Le corps du texte dit par les acteurs, d’après la pièce de Moni Grégo et le corps du texte composé de citations mêlés aux textes collectées dans le public le soir de la représentation. Les textes portés à l’écran sont un contrepoint à la situation dramatique.
Jean et Julie sont des êtres qui se cherchent, qui s’interrogent. Comme des artistes.
Ils questionnent cette humanité qui nous a été donnée et ils s’interrogent sur l’usage qu’on en fait, les règles de la société, notre espace de liberté, de création.
Ils remettent tout en jeu, ils se découvrent, ils tentent de faire entendre une voix, de dénoncer une injustice, de faire accepter des différences.
L’écriture de ce monde intérieur des personnages rejoint de façon surprenante une note de Strindberg : « L’âme des personnages leurs caractères, est un conglomérat de civilisations passées et actuelles, de bouts de livres et de journaux, de morceaux d’hommes, des lambeaux de vêtements de dimanche devenus haillons, tout comme l’âme elle-même est un assemblage de toute sorte. »

Le Propos

C’est l’histoire d’un couple de théâtre
Des créateurs, des dingues de théâtre, des brûlés de l’âme qui foulent les planches pour fouiller l’humanité
Ce serait Gena Rowlands et John Cassavetes, qui cherchent l’humain dans les ombres de nos sociétés, ils se déchirent en scène mais ils font corps dans l’art...
C’est l’histoire de ces deux là qui racontent l’histoire de deux autres : Jean et Julie.
Une histoire tragique
une histoire d’identité, de passion, de perte, de mort.
l’histoire d’une rencontre entre une femme qui est trop et un homme dont la raison parle avant le cœur.
C’est cette histoire que nous voudrions raconter
Celle du couple d’artiste qui se prête au jeu de traverser la vie des autres et s’affrontent impitoyablement (parce que se connaissant, s’aimant)
C’est une valse qui oscille entre le combat de catch (la corrida) et le duo d’amour.
C’est le spectacle où on se met minable, on n’a pas peur de déballer qui on est, de sonder encore et toujours cet humain insondable.
Melle Julie c’est quelqu’un qui déborde (genre une femme sous influence) Monsieur Jean c’est quelqu’un qui ne prend pas le risque de se perdre.
Le spectacle c’est la danse de mort de ce couple là.
J’ai écrit la mise en scène avec pour chaque séquence un croquis de mise en scène et un ou plusieurs tableaux vidéo (fond pictural et texte).

L’Univers du spectacle

C’est du théâtre totalement fondu dans l’écriture vidéo. La scénographie est constituée d’un plateau circulaire mobile blanc et d’un écran blanc, mobile lui aussi. Les deux supports servent de surfaces de projection. L’image scénique est sans cesse envahie de pensées, sur le théâtre et la vie, comme un journal intime ou plutôt un florilège moderne qui se déploie en diptyque avec l’action. L’espace scénique est éclairé uniquement par les vidéoprojecteurs. Les acteurs sont sur scène et évoluent au milieu des projections. On joue avec la vidéo, grâce à elle on va pouvoir déstructurer la temporalité, créer de la discontinuité dans la narration. Parfois on se parle à travers la caméra, c’est elle qui établit la relation au public. Séquences déjà̀ filmées muettes rejouées en direct avec un décalage de son et d’image, séquences filmées en direct, séquences projetées... se mélangent au florilège dans une suite de fondus enchaînés. Le vidéaste gère l’image en direct, il est en scène il fait vivre le dispositif, il envoie les tableaux aux acteurs il les drive en live, comme un magicien..., il chante aussi dans le spectacle.