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Famille d’artistes... et autres portraits

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Famille d'artistes . De Kado Kostzer et Alfredo Arias . … et autres portraits . Imaginés par la troupe du Théâtre des Treize Vents . Coordination artistique Jean-Claude Fall

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Ils vont jusqu’à la racine
Le coiffeur et le dentiste
C’est fou comme ils sont à l’aise
Avec le peigne ou la fraise
Mais l’artiste tout feu tout flamme
Lui seul éclaire les profondeurs de l’âme.

Nous qui sommes des artistes
De la beauté les bons catéchistes
Nous rendons l’univers moins triste
Les artistes, les artistes

Si tu chantes faux qu’importe
Qu’importe si ton pinceau n’a su faire
Que d’horribles natures mortes
Pourvu que tu sois sincère.

En chacun de nous sommeille un artiste
Plus ou moins grand et parfois petit
N’est-ce pas le rêve de la vie
Que de réveiller cet artiste ?

Guitariste, ébéniste
Organiste, portraitiste
Fabuliste, trapéziste
Modéliste, trompettiste.

Nous portons tous en nous un artiste
De tous nos chagrins il est l’exorciste
La meilleure part de nous c’est l’artiste
L’art est si fort, rien ne lui résiste.

Grâce à Dieu nous sommes des artistes
Privez-nous de tout ce qui existe
Ajoutez même la vie sur la liste
Mais laissez-nous notre âme d’artistes.

Famille d’artistes - Acte I

Le spectacle

Une terrible tempête s’était abattue sur l’Atlantique. Le bateau allait-il couler ?...
Le jeune couple se recommande à Dieu et promet : « Dieu, si tu nous sauves la vie, nous jurons sur cette croix de te donner beaucoup d’enfants, tous artistes. »
Et c’est ainsi que les flots déchaînés s’apaisèrent. Le vent devint brise et le ciel d’un bleu intense...
Les Finochietto s’apprêtent à tenir leur promesse.
A l’approche de Buenos Aires, sous l’éblouissant ciel argentin, Emma fut prise de nausées... mais cette fois, son ventre était malade de bonheur.

Famille d’artistes

Le projet Famille d’artistes... et autres portraits est venu du désir d’offrir à la troupe du Théâtre des Treize Vents une carte blanche. Nous avons lu, réfléchi, nous nous sommes disputés, réconciliés, nous avons crié et ri (et bien sûr cela continue) pour en arriver à ce projet : transformer tout le théâtre en « la maison » d’une famille d’artistes. Le public y verra la pièce d’Alfredo Arias et Kado Kostzer Famille d’artistes. Il se promènera aussi dans cette maison pour y voir chacun des membres de la famille dans son univers (le jardin, la salle de bains, la cave…). Chacun vous y proposera « son » spectacle. L’ensemble vous fera connaître et aimer (du moins nous l’espérons) cette famille d’artistes folle et attachante, un collectif extrêmement soudé de solitudes partagées.

Un spectacle partage…

Les spectateurs entrent dans « la grande maison » en ruine où vit cette « grande famille » : Doña Emma Finochietto, ses filles Fryda la danseuse éclectique, Marietta la chanteuse fantasmée, Carola la peintre en panne d’orangé, Raimonda la chiromancienne sans avenir, son fils Pocho le poète sans papiers et « la bonne » Carmen. Ils vivent sous le regard du père défunt Don Pietro Finochietto et sous la menace d’une expulsion imminente pour cause d’autoroute. L’huissier philatéliste Sitbon est chargé de la besogne. Ils espèrent être sauvés par le grand Max Merrick, l’agent de toutes les stars du show biz, qui ne saurait manquer de les découvrir et de révéler leurs talents (bien cachés) au monde éberlué.

Au premier et deuxième acte, nous les voyons désespérer du monde puis espérer follement ce grand miracle. Nous les voyons vivre entre fiction et réalité, se disputer, se réconcilier, se solidariser contre Sitbon, tenter de séduire Merrick dans un tourbillon de passions.
A la fin du deuxième acte, les spectateurs sont invités à pénétrer à l’intérieur de leur maison. Qui dans la cuisine, qui dans la cave, qui dans la salle de bain, qui dans le terrain vague attenant, qui dans le jardin d’hiver. Là, les Finochietto leur feront découvrir leur jardin secret.
Au troisième acte, tous (spectateurs et acteurs) se retrouvent sur le plateau pour la scène finale, la Cène finale, le repas d’adieu des Finochietto en partance pour l’Eldorado des artistes, le pays des étoiles. Ils vont rejoindre les « stars ».

Famille d’Artistes est un spectacle parcours, un spectacle partage, un show où l’on se montre sous le meilleur et le pire des jours.
Un spectacle sur les artistes, plein de leurs rires, de leurs pleurs, de leurs amours, de leurs chagrins, de leurs espérances.
Un spectacle messager d’un monde ludique et déraisonnable.
Un spectacle sur l’Art, donc inutile, irrécupérable, profondément humain, et strictement nécessaire.

Jean-Claude Fall

Sitbon s’assoit

SITBON. Je  vois que vous n’avez pris aucune mesure et que nous en sommes toujours au même point.

DOÑA EMMA. Et nous y resterons ! Notre maison ne deviendra pas une pile de gravats comme toutes les autres.

SITBON. Madame, c’est un projet d’intérêt national.

DOÑA EMMA. Je constate que la Culture n’intéresse personne, détruire cette cathédrale de tous les Arts !.....

SITBON (dissimulant un rire) Oui… Oui…

DOÑA EMMA. Je n’aime pas ce ricanement vous savez. Je sais ce qu’on dit de nous, mais c’est le sort des grands génies. Van Gogh… Isadora… Baudelaire… Tous incompris mais seule la mort a pu les arrêter. Un jour, on nous fera justice...

SITBON (l’interrompant) C’est fait, madame, la justice ordonne votre expulsion, on doit terminer cette autoroute.

DOÑA EMMA. Une autoroute dans mon salon ? Faites-la donc passer par chez Tatiana de la Loma !

SITBON. Le dernier délai est écoulé. (il lui montre un papier) Selon l’article 322, la police se chargera de l’expulsion.

DOÑA EMMA. Nous expulser ! C’est comme si on chassait la Joconde du Louvre.

SITBON. L’article 322 stipule que…

DOÑA EMMA. Je me fiche d’un papier tapé à la machine par un employé d’où sont absentes la pensée, la poésie, l’histoire, les couleurs… une page remplie de mots vides…

Famille d’artistes - Acte I

Famille d’artistes

SITBON. Oui, je comprends… Mais la réalité est bien différente de votre monde de…

DOÑA EMMA. D'artistes ou de fous ? Les deux et j'en suis fière ! Nous avons été les mécènes de notre Art.
Vous voulez que je vous dise ? Aucun de mes enfants ne sait compter. Le monde est entre les mains des économistes et voyez dans quel état il se trouve. Qu'on nous donne ce monde !
Au moins, les gens pourront nourrir leur esprit, non ?

Famille d'artistes

En 1989, Alfredo Arias et Kado Kostzer écrivent ensemble la pièce musicale Famille d’Artistes. Arias la met en scène la même année, au Théâtre d’Aubervilliers. En France, comme ensuite en Argentine, la pièce rencontrera un très vif succès.

Je ne fais que raconter mon expérience de spectateur. Je travaille sur ma mémoire. L'important n'a jamais été pour moi la psychologie des personnages, ou tel ou tel élément visuel. Seul compte le théâtre, en bloc. C'est l'acte même de la représentation qui me fascine et m'inspire.

Alfredo Arias, En souvenir du théâtre, in « Festival d'Automne à Paris 1972-1982 »

Argentine, Buenos Aires. Les émigrés européens sont arrivés, dans un passé pas très lointain, pour y chercher une vie meilleure. Ils l’ont trouvée. Quelques-uns ont fait aussi fortune, mais la richesse n’amène pas nécessairement le prestige. Par contre, l’art anoblit tout.
Etre artiste ! C’est le but des Finochietto. « Nous portons tous un artiste enfermé en nous-mêmes. Le libérer est le plus important », proclame Doña Emma, le chef de cette famille d’artistes.
Elle et ses cinq enfants ont libéré ces artistes prisonniers dans leur corps. Ils ont volé aussi bas que peut le faire une poule et néanmoins aussi haut que seul peut le faire un esprit.
Peu importe le fruit de leur habileté plastique, musicale ou scénique. L’intention de tout artiste est bonne et noble : pénétrer jusqu’à l’âme de l’homme. Et ils le font avec leur naïveté, leur folie, leur fantaisie… et surtout avec authenticité. Leur art est lancé comme une flèche qui brise leur cœur et qui produit un sourire tragique, une larme tendre, un rire plein de pitié, jamais d’indifférence.
Les Finochietto sont les derniers survivants d’une étrange race d’anges.

Kado Kostzer

La scénographie

L'espace visité….

Après l'expérience du triptyque Blancs où les spectateurs traversaient l'exposition de mes peintures pour cheminer dans un labyrinthe, guidés par des plumes blanches suspendues au-dessus de leur tête et assister à la représentation de Ma Solange…, Clandestins, et Dors mon petit enfant dans des scénographies différentes pour chaque pièce – frontale, en vis-à-vis et en ovale –, il nous a paru évident à Jean-Claude Fall et moi-même ainsi qu'à toute l'équipe du théâtre, de poursuivre cette expérience de mobilité du spectateur.
De continuer de se poser la question de la place du public. L'offre d'une place de théâtre se réduisant presque toujours à l'offre d'un siège (plus ou moins confortable) où chacun luttant pour avoir la meilleure proximité avec la scène, se trouve immobilisé le temps de la représentation dans le rôle du spectateur, du témoin oculaire et sensible mais isolé à sa place, la seule mobilité qu'il s'autorise étant celle de quitter le théâtre…

Dans Famille d'artistes et les cinq performances annexes, nous tenterons de bousculer les règles du jeu de la mise en place du public dans l'espace-temps de la représentation, en déplaçant celui-ci de manière ludique.
Un déplacement du public qui sera aléatoire et peu explicite puisqu'en dehors de la pièce centrale Famille d'artistes personne ne verra la même chose, les cinq « bulles » proposées par les acteurs de la troupe à la fin du 2ème acte n'étant accessibles qu'à un nombre limité de spectateurs.

Cette visite de chacune des pièces imaginaires de la maison sortira chacun de l'émotion habituelle du théâtre, de l'assise traditionnelle, pour « bouger » vers une autre sensation de présence aux acteurs, établissant un autre rapport entre celui qui regarde et celui qui se donne à voir.
On ira vers une « présence touchante » du public, frôlements, coude à coude, regards… dérobés, etc, due aux différents déplacements et à l'exiguïté des espaces scénographiés.
Tenter de sortir du champ de la représentation entièrement dévolue à l'image virtuelle, au télévisuel, résister à cette domination dévorante de la vulgarisation spectaculaire, pour aller vers une autre qualité de présence à soi et aux autres, tel est notre projet.

Gérard Didier

Tango-Iris

Buenos Aires il me faut partir
C’est la vie, chanson amère
Qui va laisser mes souvenirs
Mourir en terre étrangère

J’ai le cœur qui déraisonne
Dans un parfum de glycines
Adieu mes jardins d’automne
Adieu mes nuits argentines

Buenos Aires il me faut partir
Vers d’autres chemins à suivre
De nostalgie en désir
Mélancolie de survivre

A mon paradis perdu
Des maisons sans importance
Où je ne reviendrai plus
Poser le front de l’enfance

Mais pour un Carlos Gardel
Un bandonéon qui pleure
Un footballeur au soleil
Mythe éternel tu demeures

Buenos Aires il me faut partir
C’est la vie, chanson amère
Qui va laisser mes souvenirs
Mourir en terre étrangère

Famille d’artistes - Acte III

… et autres portraits

Carte blanche à la troupe du Théâtre des Treize Vents, occupation du théâtre

... dans la salle de bain

Extrait de Belle du Seigneur
D’Albert Cohen
Proposé et joué par Roxane Borgna, en collaboration avec Renaud Marie Leblanc

La force par laquelle je t'aime n'est pas différente de celle par laquelle tu existes.

Paul Claudel, Le soulier de Satin

Belle du Seigneur c'est pour moi Le grand livre d'amour.
Je partage la quête d'Ariane et de Solal qui décident de vivre leur passion absolue, de transcender le quotidien qui nous ancre dans une époque, colle une toile de fond à notre âme dont elle semble ensuite indissociable. Aimer, croire en Solal, vivre la passion, c'est délivrer son âme, échapper au temps, se trouver, rencontrer la vérité.
J'ai adoré l'envol d'Ariane qui passe du rang de midinette à celui de Prouhèze, par son abandon dans sa relation mystique avec l'être aimé. Je la trouve formidablement courageuse de livrer bataille avec son cœur d'enfant, se laisser envahir par la grande flamme, passer le cap (quitter son monde), plonger dans l'autre, accepter de tout perdre, risquer tout au nom de l'amour, abandonner sa vie même, comme un triomphe d'avoir tenté d'aimer absolument.
J'ai aimé la langue d'Albert Cohen, populaire et lyrique, le verbe que l'on ressent comme à l'origine, la profusion des langues déliées, le verbiage-babillage des tourments de l'âme livrés d'un bloc, la surqualification de chaque émotion parce qu'il n'y a jamais qu'une seule chose qui se vit mais que chaque être est un shaker de sentiments mêlés, la recherche de la vérité à travers l'expression verbale, cette fête du langage qui tente de rendre compte de notre fourmillante richesse, le kaléidoscope verbal qui nous agite, le zapping-superposing de la pensée que nous opérons à chaque seconde comme le plus grand des ordinateurs, cet hommage au génie de l'esprit.
Cette parole immédiate, j'ai eu envie de la rapporter à la scène, de m'en emparer, de la posséder, de mordre le texte, de plonger dans cette matière et comme l'héroïne est souvent dans sa baignoire, de m'immerger !

Roxane Borgna

… dans la cuisine

Extrait de La pluie d’été
De Marguerite Duras
Proposé et joué par Fouad Dekkiche, avec Babacar M’baye Fall et  Marik Renner

Le texte La pluie d’été m’a beaucoup marqué, il s’est installé une relation particulière entre lui et moi à sa lecture. Je découvrais « une étrangeté », il m’a conduit dans des endroits difficiles à qualifier et que je ne soupçonnais pas.
La pluie d’été décrit la marginalisation sociale d’une famille où les règles morales sont régies par l’innocence, l’intelligence, le bonheur, la souffrance parfois, qui tous finiront par s’évanouir au changement de saison… Nous sommes face à un tourbillon d’amour, un envoûtement, des contradictions, un inceste aussi, bref : face à un volcan.
J’ai choisi un extrait de La pluie d’été exclusivement centré sur les relations à l’intérieur de cette famille pauvre dont les parents sont des émigrés. L’espoir, le bonheur de cette famille, c’est la relation fusionnelle et la complicité qui lient les personnes les unes aux autres.
L’écriture de Marguerite Duras est à la fois pleine d’entrain et languissante, elle est poétique et douce, faite de ruptures et de silence. Elle laisse la place aux regards qui créent des profondeurs, à des absences qui ne s’expriment pas seulement par les mots.
J’ai envie de me servir de tous les éléments de cette écriture : du silence, des regards, de cette musicalité qui constituent les êtres, seuls et ensemble, des êtres complexes avec une certaine plénitude.

Fouad Dekkiche

… dans la cave

Marx Matériau - épisode 1/ celui qui parle
Tentative de théâtre à partir des écrits de Karl Marx
Proposé et joué par Luc Sabot, conception et mise en scène Jacques Allaire et Luc Sabot

Vous ne direz pas que je surestime le monde présent ; si cependant, je ne désespère pas de lui, c'est que précisément sa situation désespérée me remplit d'espoir.

Karl Marx

Marx matériau - épisode 1/ celui qui parle c'est la tentative d'un théâtre qui livrerait abruptement un matériau de pensée, libre à l'interprétation, une posture « critique » plutôt qu'une pensée prête à l'emploi. « Que désormais le théâtre se laisse affecter par ce qui arrive mais aussi, affecte et fasse arriver » écrit Jacques Derrida. Loin de l'agitation du monde, le théâtre peut-être le lieu d'une parole non filtrée, "non représentée" qui s'avance vers chacun et renvoie chacun à sa propre réflexion sur le monde, sur soi dans le monde, avant de retourner, chacun pressé par le temps pris par le mouvement de nos vies, dans le brouhaha quotidien qui nous emporte. Aujourd'hui alors qu'il semble acquis pour tous que la société, le monde tout entier, serait libéral, que l'économie, autant dire la vie, ne serait que cela, et qu'au résultat tout serait affaire de flux de capitaux, de circulation de marchandises, de vitesse de communication, d'abolition des frontières, aujourd'hui donc, que nous sommes happés par l'avènement du libéralisme, libéralisme qui transforme tout en représentations, l'acteur « celui qui parle » dira les mots de Marx, parlera Marx. La philosophie de Karl Marx, une fois débarrassée des spectres de son époque, débarrassée du marxisme-léninisme et autres approximations d'interprétation léguées par le temps, à défaut d'offrir un système ou un idéal, révèle une analyse et une critique radicale du capitalisme, préfiguration du libéralisme que nous connaissons. Ces paroles, ces textes, furent écrits il y a plus d'un siècle, leur actualité est désespérante.

Jacques Allaire

… dans le jardin

Installation plastique et sonore
Proposée par Christel Touret, en collaboration avec Serge Monségu

Pyrénées, été 2004, je rentre dans une librairie. Une dame âgée d’environ soixante ans m’accueille chaleureusement. Nous échangeons quelques phrases et j’ai aussitôt envie de l’interviewer. Je reviens le lendemain. Elle a fermé la porte de sa librairie à clé et accepte de répondre à mes vingt-et-une questions écrites sur des morceaux de papier qui forment un petit tas devant elle. Elle a le choix, lui dis-je, lorsqu’elle pioche une question : de ne pas y répondre, de la garder pour plus tard ou d’y répondre tout de suite. Elle est d’abord très anxieuse, mais dès qu’elle lit le premier papier, elle se détend et se confie à moi. Les questions défilent…  Les bribes de sa vie résonnent dans les écouteurs de mon mini disque enregistreur. Sa voix est profonde, remplie d’amour et de douleur aiguë. Jacqueline est très émouvante, très généreuse de se confier comme ça, à une inconnue, « parce que je soutiens les artistes » me dit-elle.
Vingt-deux personnes (rencontrées par hasard pour la plupart ou que je connaissais déjà pour certaines) m’ont ainsi entrouvert leur vie. Au fur et à mesure des entretiens, la perception que j’avais de ces personnes changeait. C’était comme si je les avais d’abord vues en deux dimensions et que la troisième dimension m’apparaissait après l’interview.
J’ai eu envie de faire entendre ces témoignages de vie – parce qu’ils nous concernent – comme une même voix qui nous rappelle notre condition humaine, ce qui est essentiel pour nous et qui donne peut-être plus de sens à notre vie. Une voix qui nous fait sentir à quel point nous sommes différents les uns des autres, mais aussi, à quel point nous sommes semblables. Quelque chose nous relie, dit-elle, un peu comme me confie cette personne : « On a ce dieu en chacun de nous qui pour moi est l’humanité. Moi, je crois en l’humanité. »
Nous pourrons écouter cette voix plurielle au pied d’un arbre comme s’il s’en était imprégné, témoin de l’humanité, et comme si elle continuait de vivre à travers lui en un bruissement.

Christel Touret

… dans la cour

Chansons françaises
Proposées, jouées et chantées par Isabelle Fürst avec Albert Tovi

L'accordéon d'Albert Tovi

Lorsque nous avons commencé à lire Famille d'artistes, il y avait un rôle de schizophrène, dipsomane, totalement imprégnée d'alcool et de nicotine, ce n'était pas pour me déplaire, et ma passion pour la vieille chanson française y trouva comme un écho.
Je pensais à mille histoires de cafés tapageurs plein de l'exaltation des miséreux, au funambulisme de ces personnages vacillants entre la vie et la mort, l'amour et la haine, l'allégresse et le néant, à toutes les roueries dont ils usent pour échapper au réel…
En rentrant chez moi tard le soir, j'écoutais Nitta-Jo chanter A boire… J'étais bouleversée et l'idée a germé…
J'ai proposé à Albert Tovi de me rejoindre avec son accordéon, et nous avons écouté des chansons ensemble. Nous avions envie de beaucoup d'entre elles, nous en avons choisi une dizaine, déjantées, grinçantes, caustiques, drôles, parfois tragiques, mais toujours pleines de poésie d'humanité et d'humour (Damia, Nitta-Jo, Marcels, Francis Blanche, Mistinguett, Marie Dubas, Frehel, Mireille, etc.).
Nous avons rêvé un terrain vague d'où les hymnes aux paradis artificiels s'élèveraient ; et que ce soit une fête, que le vin coule à flot et nous amène au pays des poudres blanches et grises, des fumées légères et des spiritueux aux fabuleux parfums.

Isabelle Fürst

Famille d'artistes
De Kado Kostzer et Alfredo Arias
… et autres portraits
Imaginés par la troupe du Théâtre des Treize Vents
Coordination artistique Jean-Claude Fall

Coordination scénographique Gérard Didier
Musique Albert Tovi
Maquillages et coiffures Sandrine Finck
Créations techniques Martine André, Jacky Baume, Claude Champel, Marie Delphin, Gérard Espinosa, François Guille des Buttes, Bernard Lhomme, Serge Monségu, Frédéric Razoux, Jean Louis Wisson
Texte Famille d’artistes Actes Sud Papiers

Avec

La troupe du Théâtre des Treize Vents :

Roxane Borgna (Marietta Finochietto, chanteuse lyrique), Fouad Dekkiche (Emma Finochietto, mère des Finochietto, pianiste), Isabelle Fürst (Raimonda Finochietto, voyante et astrologue) (Carola Finochietto, artiste peintre, sœur jumelle de Raimonda), Babacar M’baye Fall (Maître Boris Sitbon, fonctionnaire municipal), Luc Sabot (Pocho Finochietto, écrivain et poète), Christel Touret (Fryda Finochietto, danseuse éclectique d'Europe, d'Amérique et d'Orient), Marik Renner (Carmen, la petite bonne de la maison)

… et autres portraits

Extrait de Belle du Seigneur
D’Albert Cohen
Proposé et joué par Roxane Borgna, en collaboration avec Renaud Marie Leblanc

Extrait de La pluie d’été
De Marguerite Duras
Proposé et joué par Fouad Dekkiche, avec Babacar M’baye Fall et  Marik Renner

Marx Matériau - épisode 1/ celui qui parle
Tentative de théâtre à partir des écrits de Karl Marx
Proposé et joué par Luc Sabot, conception et mise en scène Jacques Allaire et Luc Sabot

Installation plastique et sonore
Proposée par Christel Touret, en collaboration avec Serge Monségu

Chansons françaises
Proposées, jouées et chantées par Isabelle Fürst avec Albert Tovi

Création

Production Théâtre des Treize Vents / Centre Dramatique National de Montpellier Languedoc-Roussillon

Création 2005